la loi « égalité – citoyenneté », un cadeau de Noël empoisonné

L’adoption de la loi « égalité – citoyenneté » en en fin d’année 2016 laisse un goût amer à la lecture. D’une manière générale, le texte s’inscrit dans l’idée de combattre « les fractures mises en évidence par les attentats qui ont frappé notre pays depuis 2015 » par le rassemblement de « tous les Français autour des valeurs de la République » et en s’attaquant « aux obstacles auxquels est confrontée une partie de la population dans ses conditions de vie ». Comment croire qu’un catalogue de mesurettes porter par deux ministères peu considérés et dotés puisse répondre à l’attente de justice sociale déçue depuis de trop nombreuses années en France ?

Un « utilitarisme »
associatif

Ce décalage est particulièrement criant pour les mesures qui concernent directement les associations. La loi propose la « création d’un congé d’engagement associatif pour les actifs bénévoles […] et la reconnaissance systématique de l’engagement dans les diplômes de l’enseignement supérieur d’une part et l’ouverture du service civique à de nouveaux viviers (sic) pour réussir l’objectif de 350 000 jeunes engagés par an à partir de 2018. » d’autre part.

Sous couvert de lutte contre le terrorisme le gouvernement se propose de considérer l’associatif comme le lieux de développement de compétences que l’éducation nationale, les universités et les entreprises (à travers les stages ou la formation professionnelles) n’arrivent plus à développer. De plus, il est écœurant de penser que le déterminant principal de l’engagement associatif bénévole soit la possibilité de rémunérer ou de valoriser cet engagement dans un CV.

Le terrorisme pour justifier
la précarisation des jeunes ?

Par ailleurs, comment imaginer que multiplier les Services civiques, c’est à dire proposer des sous-emplois sous-rémunérés à une jeunesse sans perspective d’emploi durable, pourrait résorber la fracture sociale en France ? Tout au plus, pouvons nous nous féliciter de l’abandon de l’idée absurde et dangereuse de rendre le service civique obligatoire. Nous avions d’ailleurs lancé une pétition avec Solidaires Étudiant.e.s pour le retrait de cet article introduit dans la loi par un amendement de la majorité à l’Assemblée nationale.

Tout cela en serait presque comique si les inégalités sociales n’étaient en plein accroissement et si les pouvoirs publics ne se désinvestissaient pas massivement de leur partenariat avec les associations. Rappelons que ce désinvestissement à tous les échelons limite la capacité de résilience sociale qu’apporte encore le mouvement associatif à la société française et précarise encore plus nos conditions de travail et nos emplois.

Pour une vraie politique associative
populaire, citoyenne et solidaire !

Si le gouvernement et les parlementaires souhaitent vraiment mener une politique de justice sociale, nul doute que le secteur associatif et ses travailleur.e.s seraient prêt à mener des partenariats par exemple en redéveloppant l’éducation populaire, à la citoyenneté, à la solidarité et à l’environnement dans les territoires. Financer de tels partenariats serait bien plus efficace et cohérent pour lutter contre les inégalités sociales tout en créant ou pérennisant plus d’emplois que le CICE.

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